Chaque année à travers le monde, près de 2 milliards de tonnes de déchets solides sont produits, et l’on estime que ce chiffre devrait grimper à 3,4 milliards d’ici à 2050.
On constate d’ailleurs que la masse de déchets varie largement d’un pays à l’autre, notamment en fonction du revenu moyen par habitant. Un Nord-Américain jettera par exemple en moyenne 2,21 kg de déchets chaque jour tandis qu’un Africain subsaharien n’en produira que 460 grammes.
En revanche, seuls 2 % des déchets seront jetés dans la nature dans les pays riches, contre 93 % dans les régions aux revenus plus faibles, faute de systèmes de collecte suffisants. Malgré de nombreuses innovations à l’échelle locale, les décharges publiques ou illégales progressent et représentent aujourd’hui plus de 4 % des émissions de CO2 de la planète.
Quant aux pays plus riches, les déchets y sont mieux collectés mais les systèmes de recyclage sont encore loin d’être uniformes. Les États-Unis par exemple, premiers producteurs de déchets au monde, n’en recyclent pour l’heure que 35 % ce qui les place au dix-huitième rang du classement des meilleurs recycleurs internationaux.
En France, avec plus de 500 kg de déchets ménagers générés par an et par habitant, nous atteignons les 30 millions de tonnes annuels auxquels il faut encore ajouter les déchets de construction et les déchets industriels dont la proportion est 2 à 8 fois plus importante.
Résultat, ça déborde un peu partout sur la planète au point que les pays d’Asie du Sud-Est refusent un à un d’accueillir les déchets venus de l’Occident. Il faut dire que depuis des années, les États-Unis, le Canada ou l’Europe avaient pris l’habitude d’exporter quotidiennement des milliers de tonnes de déchets en direction de la Chine, des Philippines, de la Malaisie ou de l’Indonésie. Des déchets censés être recyclés, mais dont une bonne partie atterrissait finalement dans des décharges sauvages à ciel ouvert.
Pour limiter la pratique, la Chine a choisi de durcir sa réglementation en refusant une vingtaine de types de déchets solides dès le 1er janvier 2018, parmi lesquels bon nombre de plastiques et de papiers.
Désormais, pour les conteneurs ne respectant pas les règles, c’est retour à l’envoyeur avec l’obligation de trouver des solutions d’urgence pour traiter ces montagnes de déchets.
Un processus de gestion des déchets complexe
En attendant, la production d’ordures ménagères a doublé en 40 ans et les trois quarts d’entre elles sont encore enfouies ou brûlées, ce qui participe à la pollution des eaux, des sols, de l’air et à l’émission directe de gaz à effet de serre.
80 % des déchets marins viennent ainsi de la terre, et le plastique, longtemps considéré comme une formidable avancée dans tous les secteurs, flotte aujourd’hui en masse dans nos eaux douces et nos océans. Des continents géants de déchets se sont formés un peu partout dans les grandes étendues d’eau de la planète et l’on estime que les océans devraient contenir davantage de plastique que de poissons d’ici à 2050.
La menace est d’autant plus insidieuse que les plastiques ne disparaissent jamais totalement. En quelques siècles, ils finissent par se dégrader en particules microscopiques et s’infiltrent dans tous les maillons de la chaîne alimentaire. Sur terre ou dans les mers, les animaux les avalent et nous les retrouvons à terme dans nos assiettes en consommant ces mêmes animaux.
Quant aux modes de traitement des déchets mis en place, ils sont globalement tous discutables. Chaque année par exemple, 32 % de nos déchets sont incinérés en France. Alors bien sûr, la combustion est utilisée pour créer de l’énergie. Elle sert à la fois à pour produire de la chaleur et de l’électricité qui seront ensuite distribuées sur le territoire tout au long de l’année. Mais en contrepartie, le processus génère une quantité considérable de CO2, et la combustion entraîne la formation de résidus solides comme le mâchefer qui sera ensuite enfoui dans des sites de stockage, ou recyclé dans la construction d’infrastructures.
Le problème, c’est que le mâchefer est composé de polluants hautement toxiques et qu’aucun mode de gestion ne permet vraiment à l’heure actuelle d’empêcher la pollution des sols et des nappes phréatiques. Un taux de recyclage qui est donc finalement biaisé par cette réutilisation qui n’est pas si respectueuse de l’environnement.
26 % de nos déchets seront quant à eux mis en décharge. Cela représente environ 16 % des émissions de méthane de notre pays et une large part de la pollution des sols et des eaux.
Quant au recyclage, il est un excellent moyen d’éviter d’avoir recours à de nouvelles matières premières mais reste encore insuffisant.
Et pourtant, le tri sélectif progresse. 39 % des Français se disent très sensibles à l’environnement et 87 % affirment trier leurs déchets.